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Déplume

Manifeste

En 2008, en voyage au Mali, sur un marché, j'ai vu pour la première fois une chèvre être égorgée puis dépecée. Devant moi, et devant sa sœur ou sa mère. J'avais été un peu perturbé, mais j'ai continué mon chemin.

Depuis, je n'ai plus jamais été confronté à la mise à mort d'un animal. Mais aujourd'hui, j'y repense, à l'heure où les fast-foods continuent d'exploser. Où la viande de supermarché semble à mille lieues de l'animal qu'elle était. Où les gens consomment poulet, jambon, saumon, hamburgers comme s'il n'y avait aucune vie derrière. Où le mukbang est un phénomène de société.

Je ne suis pas végétarien, encore moins végan. Comme beaucoup, je mange moins de viande rouge qu'avant, moins de saumon parce que d'élevage bourré d'antibiotiques. Je prends plutôt du poulet fermier, des poissons de pêche responsable.

Mais je vois bien qu'il y a un truc qui cloche.

Nous sommes une société de consommation, devenue de surconsommation. Nous pensons capital, économie, croissance, industrie. Nous vivons dans du béton, des hôpitaux, des bureaux, derrière des écrans. Nous sommes de plus en plus obèses, malades, sous perfusion.

Nos vaches à lait sont bourrées d'antibiotiques, de piqûres de calcium pour produire plus de lait. Nos cochons ont droit à 1m² d'espace vital, 1,3m² pour les bios. Nos poulets vivent en batterie de milliers, sans jamais voir la lumière du jour. Nos saumons sont cannibales, nourris de farine de poisson, de soja, de maïs.

Et comme d'habitude, au pire on s'en fiche, au mieux on le sait, mais on continue.

Que faut-il donc pour rectifier le tir ?

Certains deviennent végétariens, d'autres végans. C'est tout à leur honneur. C'est peut-être le futur, qui sait. En tout cas, ce n'est pas le présent, peuplé d'une grande majorité de carnivores.

Certaines tribus nomades ont du bétail, mais pour le transport seulement. La viande qu'ils mangent, ils la chassent. Ils tuent l'animal, le dépecent, le cuisinent. Le mangent en entier, sans rien jeter. Usage raisonné me semble-t-il.

Mais nous n'allons pas tous redevenir chasseurs-cueilleurs. Alors quoi ?

Alors je propose de retrouver une sensibilité, un nouveau rapport à notre nourriture. Réapprenons à cultiver, à cueillir. À pêcher et à chasser, s'il le faut. Apprenons le potager, les arbres fruitiers, les plantes sauvages.

Apprenons aussi à prélever. À tuer, puis préparer sa viande. À respecter, à remercier.

Pas besoin de devenir professionnel du couteau ou de la bêche.

Mais au moins une fois dans sa vie, voir. Sentir. Faire. Une carotte sortir de terre, un lieu noir hameçonné, un œuf couvé.

Une fois dans sa vie, prélevons un poulet. Pour notre bien-être, pour celui de notre espèce.


Posté le 2024-10-24

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